Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Daïdaï
Daïdaï
Derniers commentaires
13 février 2012

Vulnérabilité, souffrance et dépassement

 

Bonjour,

 

voici un post plus spirituel, j'ai pas mal hésité avant de  partager avec vous ces textes. Que personne ne soit offensé par ces textes; si certains y trouvent des choses à leur lecture, mais chacun est libre d'y trouver un intérêt ou non.
Voici donc 3 textes que j'aimerais vous faire partager:

Le premier texte est un extrait de la Lettre du Kenya, une publication annuelle de la Lettre de Taizé(communauté oecuménique installée en Bourgogne).

E n t r a î n é s
v e r s  u n  d é p a s s e m e n t


Si Dieu est en nous, il est aussi au-devant de nous. Il
nous prend tels que nous sommes, mais il nous tire aussi
au-delà de nous-mêmes. Il vient parfois perturber notre
existence, bouleverser nos plans et nos projets.10 La vie de
Jésus nous entraîne à entrer dans cette perspective.
Jésus se laissait conduire par l’Esprit Saint. Il ne cessait
de se référer à la présence invisible de Dieu son Père. C’est
là le fondement de sa liberté, qui l’a amené à donner sa vie
par amour. En lui, relation avec Dieu et liberté ne s’opposaient
jamais mais se renforçaient l’une l’autre.11
En nous tous se trouve le désir d’un absolu vers lequel
nous tendons de tout notre être, corps, âme, intelligence.
Une soif d’amour brûle en chacun, du nourrisson jusqu’à
la personne âgée. Même l’intimité humaine la plus
grande ne peut pas entièrement l’apaiser.
Ces aspirations, nous les ressentons souvent comme
des manques ou un vide. Elles risquent parfois de nous
disperser. Mais, loin d’être une anomalie, elles font partie
de notre personne. Elles sont un don, elles contiennent
déjà l’appel de Dieu à nous ouvrir nous-mêmes.
Alors chacun est invité à s’interroger : quel dépassement
m’est demandé maintenant ? Il ne s’agit pas nécessairement
de « faire plus ». Ce à quoi nous sommes appelés,
c’est à aimer davantage. Et comme l’amour a besoin
de tout notre être pour s’exprimer, à nous de chercher,
sans attendre une minute de plus, comment être attentifs
à notre prochain.


L e  p e u  q u e  n o u s  p o u v o n s ,
n o u s  d e v o n s  l e  f a i r e
S ’ e n t r a i d e r  à  q u e l q u e s - u n s  p o u r
a p p r o f o n d i r  l a  f o i


Trop de jeunes se sentent seuls dans leur cheminement
intérieur. À deux ou trois il est déjà possible de s’entraider,
de partager et de prier ensemble, même avec ceux qui
se disent plus proches du doute que de la foi.12
Un tel partage trouve un grand appui s’il est intégré à
l’Église locale.13 Elle est la communauté des communautés,
où toutes les générations se retrouvent et où l’on ne se
choisit pas. L’Église est la famille de Dieu : cette communion
qui nous tire hors d’un isolement. Là nous sommes
accueillis, là le oui de Dieu à notre existence est actualisé,
là nous trouvons l’indispensable consolation de Dieu.14
Si les paroisses et les groupes de jeunes étaient d’abord
des lieux de bonté du coeur et de confiance, des lieux accueillants
où nous sommes attentifs aux plus faibles !


D é pa s s e r  l e s  c l o i s o n n e m e n t s
d e  n o s  s o c i é t é s


Pour participer à la construction d’une famille humaine
plus unie, une des urgences n’est-elle pas de regarder le
monde « à partir d’en bas »15 ? Ce regard implique une
grande simplicité de vie.
Les communications deviennent de plus en plus faciles,
mais en même temps les sociétés restent très compartimentées.
Le risque de l’indifférence réciproque ne cesse
de croître. Dépassons les cloisonnements de nos sociétés !
Allons vers ceux qui souffrent ! Rendons visite à ceux qui
sont mis de côté, maltraités ! Pensons aux immigrés si
proches et pourtant souvent si loin !16 Là où la souffrance
grandit, on voit fréquemment se multiplier des projets
concrets qui sont autant de signes d’espérance.
Pour lutter contre les injustices, les menaces de conflits,
et favoriser un partage des biens matériels, il est indispensable
d’acquérir des compétences. La persévérance dans
les études ou dans une formation professionnelle peut
aussi être un service rendu aux autres.
S’il y a des pauvretés et des injustices scandaleuses qui
sautent aux yeux, il y a des pauvretés moins
visibles. La solitude en est une.17
Des préjugés et des malentendus sont parfois
transmis de génération en génération et
peuvent conduire à des actes de violence. Il y
a aussi des formes de violence apparemment
anodines, mais qui causent ravages et humiliations.
La moquerie en est une.18
Où que nous soyons, cherchons, seuls ou
à quelques-uns, quels gestes accomplir dans
des situations de détresse. Nous découvrirons
ainsi la présence du Christ même là où nous
ne l’aurions pas attendue. Ressuscité, il est là,
au milieu des humains. Il nous devance sur
les chemins de la compassion. Et déjà, par
l’Esprit Saint, il renouvelle la face de la terre.

 

9 Un chrétien africain, saint Augustin, écrivait cette prière au
IVe siècle : « Tu étais plus intime que l’intime de moi-même,
et plus élevé que les cimes de moi-même. » (Les Confessions,
Livre III, 6, 11 )
10 « Mes desseins ne sont pas vos desseins », dit le Seigneur
(Isaïe 55,8). La Vierge Marie elle aussi a consenti à des
dépassements, jusqu’à l’incompréhensible mort de son fils,
tout en croyant que Dieu est fidèle à sa promesse de vie.
11 Lors du Synode des Évêques d’octobre 2 008 à Rome, le cardinal
Danneels, archevêque de Malines-Bruxelles, a déclaré :
« La force de la parole implique la liberté de la réponse de
l’auditeur. C’est précisément la puissance propre à la Parole
de Dieu. Elle n’élimine pas la liberté de l’auditeur, elle
la fonde. »
12 Jésus dit : « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis
là, au milieu d’eux. » (Matthieu 18,20)
13 Les premiers chrétiens « se montraient assidus à l’enseignement
des apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction
du pain et aux prières. » (Actes 2,42) En Afrique, comme en
Amérique Latine et dans certains pays d’Asie, les chrétiens
se réunissent non seulement en paroisses, mais aussi par
quartier, par village, en petites communautés ecclésiales.
Ils prient ensemble et se soutiennent mutuellement. Il y a
une chaleur humaine et un engagement personnel de chacun
qui contribuent à faire de l’Église un authentique lieu de
communion.
14 En Afrique, l’Église est souvent vue comme la famille de Dieu,
et Dieu comme une mère qui console. Déjà le prophète Isaïe
écrivait : « Dieu dit : comme celui que sa mère console, moi
aussi je vous consolerai. » (Isaïe 66,13) Voir aussi Isaïe
49,13-15. Considérer l’Église avec ce regard-là nous stimule à
rechercher son unité. On ne peut pas se résigner passivement
à ce que la famille de Dieu demeure divisée en de multiples
confessions.
15 Le théologien allemand Dietrich Bonhoeffer appartenait à un
milieu plutôt privilégié mais, pendant la Seconde Guerre
mondiale, son engagement dans la résistance l’a jeté dans la
précarité, puis conduit à la prison et à la mort. Il écrit en
1943 : « C’est une expérience d’une valeur incomparable que
d’avoir appris tout à coup à regarder les grands événements
de l’histoire mondiale à partir d’en bas, depuis la perspective
des exclus, des suspects, des maltraités, des gens sans
pouvoir, des opprimés et des rejetés, en un mot : de ceux
qui souffrent. »
16 Si, heureusement, des efforts sont faits aujourd’hui pour
soutenir des cultures menacées de disparition, il est vrai
qu’aucune culture ne se développe en vase clos. À l’heure
de la mondialisation, le métissage des cultures n’est pas
seulement inévitable, il est un atout pour nos sociétés.
17 Un proverbe du Kenya le rappelle : « Il n’y a pas d’homme qui ne
puisse devenir orphelin. »
18 Frère Roger écrivait dans La Règle de Taizé (1954) : « La
moquerie, ce poison d’une vie commune, est perfide parce
qu’à travers elle sont lancées des soi-disant vérités que l’on
n’ose pas se dire dans le tête-à-tête. Elle est lâche parce
qu’elle ruine la personne d’un frère devant les autres. »


Le second texte est une méditation sur cette même lettre que j'avais rédigée, porté par mon expérience de la maladie et de la souffrance. Elle a été publié dans une parution des presses de Taizé, pami d'autres témoignages d'autres jeunes européens et internationaux.

 

Confrontés  à une épreuve lourde dans notre vie, la maladie ou la mort qui nous touchent personnellement ou nos proches, nous endurons souvent une douleur physique ou morale. Nous sommes touchés, jusque dans nos limites, par un sentiment d’inacceptable, d’incompréhensible.
Au plus fort de notre souffrance, nous éprouvons fortement un sentiment de dénuement et de vulnérabilité. Et pourtant, dans des circonstances douloureuses, lorsque nous reconnaissons notre petitesse et notre faiblesse, nous changeons notre regard sur nos difficultés au quotidien. Nous ne portons plus notre attention sur nos imperfections et nos frustrations quotidiennes mais nous accueillons pleinement le don de la vie que Dieu nous fait et l’amour que nous recevons.
Nous voyons sous un éclairage nouveau ce qui importe vraiment et qui donne sens à notre vie. Nous percevons avec plus de force la valeur d’un amour reçu qui nous dépasse. « Faire sien » sa condition, permet de mesurer la valeur unique de son existence-non pas idéalisée, mais réelle avec ses faiblesses.
Il nous arrive toutefois de dresser un constat critique sur notre vie, en refusant d’accepter nos limites, en nous reprochant de ne pas répondre aux aspirations que nous pressentons. Nous ressentons un grand apaisement quand nous comprenons que Dieu nous accepte, chacun, tels que nous sommes. Nos limites et nos aspirations font partie de nous, Dieu nous aime personnellement et nous connaît chacun par notre nom. Cette prise de conscience nous donne une liberté nouvelle car nous savons l’acceptation de Dieu et dissipe notre crainte de l’inconnu car nous savons la confiance qu’Il nous témoigne.
Forts de cette confiance, nous comprenons que nous n’avons pas besoin de chercher ailleurs qu’en nous-mêmes pour répondre à l’appel du Christ.  Au contraire, c’est en partant de nous même et dans  l’aujourd’hui de Dieu, que nous pouvons le suivre.
Nous percevons  que l’amour du Christ est à l’œuvre dans ce monde aujourd’hui.  Dans notre quotidien, nous pouvons chercher à aimer toujours plus pleinement notre prochain dans un espace de liberté qu’Il nous donne et dans l’intensité du moment présent. Le Christ, par sa résurrection, nous dit que tout est accompli et nous invite à n’avoir plus peur.
Cette confiance et cette liberté que nous recevons de Dieu nous incitent à nous rendre toujours plus disponibles pour accueillir l’autre. Nous savons que le message d’amour du Christ touche tous les hommes comme il nous a touchés. Nous réalisons l’importance de notre présence et notre écoute attentives pour les autres.

 

Le troisième texte est issu d'une interventionque j'avais réalisée lors d'un Carrefour sur le thème de la vulnérabilité organisé toujours à l'initiative de la communauté de Taizé en 2008. Ce thème trouvait une raisonnance évidente avec mon vécu de malade et je me suis proposé de témoigner de mon expérience.

Carrefour rencontres TAIZE Montrouge 07/12/08

Voici une présentation de mon expérience et de mon témoignage pour cette rencontre de Montrouge.
Je pense que l’origine de ma présence vient de Frère maxime que j’ai revu au printemps dernier à Taizé, à qui j’ai raconté les deux années écoulées et qui a eu l’idée que mon témoignage pourrait être utilisé pour cette rencontre.
J’ai actuellement 27 ans ; j’ai eu la chance d’avoir des études réussies, un entourage familial et amical aimant et présent. J’ai fait une prépa HEC, une école de commerce et je travaille comme consultant logistique. Je suis en couple depuis 7 ans.
J’ai été actif dans l’animation (scout puis chef scout pendant de nombreuses années) ainsi que responsable de plusieurs associations de solidarité qui m’ont amené au Burkina Faso, à Madagascar, entre autres. Je viens régulièrement à Taizé depuis une dizaine d’années.

Cependant, suites à des douleurs répétées dans la nuque au niveau des cervicales il y a 2 ans, on m’a diagnostiqué un cancer des os. Passé le choc de la surprise, j’ai subi deux interventions chirurgicales, de la chimiothérapie et de la radiothérapie. Cela fait 1 an que la tumeur est stabilisée, je suis toujours en surveillance mais j’ai bon espoir pour la  suite.

Inutile de dire que lorsqu’une épreuve aussi inattendue que çà vous tombe dessus, çà chamboule ! J’aimerais parler à ce propos de la vulnérabilité que l’on ressent dans ces moments. En effet, la lourdeur du traitement thérapeutique, la faiblesse physique et morale que l’on ressent quand on est malade, le milieu hospitalier et médical à la fois impressionnant et inquiétant…on perd alors tous ses repères, ses limites, ses beaux projets
•    Je crois que cette vulnérabilité nous permet d’être plus forts d’une certaine manière, déjà dans notre détermination à surmonter une épreuve. Ceux qui nous entourent le perçoivent. Ainsi m’a-t-on dit que la volonté dont je faisais preuve (et qui était pour moi toute relative) leur donnait de la force et de l’espoir pour leur propre vie
•    Je crois que cela permet également un recentrage sur soi, d’apprendre (ou du moins essayer) le renoncement et la patience
•    Il me semble également que la colère qui existe à ce moment là peut se transformer en une énergie positive et nous faire avancer
•    On apprend aussi bien sûr à relativiser, à prendre plaisir aux petites choses, aux petits bonheurs, à savoir s’arrêter et apprécier la contemplation ; de moins se laisser emporter par le tourbillon de la vie quotidienne et le rythme effréné. Du coup, on possède peut-être un peu plus de sagesse…
•    Le plus important est enfin de voir combien nous sommes faibles, petits, fragiles, et pas seulement ceux qui sont malades ou handicapés… Car le plus troublant dans l’épreuve de la maladie est de s’accepter tel que l’on est, sans barrières que l’on peut ériger entre les autres et nous, entre Dieu et nous…Nous sommes faibles, démunis, nous ne sommes rien tout seuls et nous acceptons, nus, démunis, la main du proche. Concrètement, après une cure de chimiothérapie, accepter de ne pas pouvoir s’habiller, se nourrir tout seul, c’est un coup dur pour l’orgueil et l’ego !
Et pourtant, Dieu nous connaît par notre nom ! Il aime les petits et les faibles.(cf David et le philistin. David est seulement « armé du nom de Dieu » et pourtant il triomphe !)
Nous sommes tous petits, faibles, à notre manière. Il est important de reconnaître sa petitesse. Comme le dit Mère Teresa « les petits font de petits pas ». Il faut s’accepter comme on est, ne pas vouloir aller trop vite, car on avance…

J'espère sincèrement que ces mots pourront vous apporter une aide, un éclairage, une espérance. C'est cela dont je voulais témoigner sur cette expérience de l'épreuve douloureuse de la maladie et la confiance qui permet de la traverser.

 

 

 

Publicité
Commentaires
T
Ce n'est jamais facile de trouver entre amis des occasions de discuter de ces sujets ou simplement de savoir comment les aborder. Les écrire, c'est une très belle façon de nous les faire partager. Merci Adrien ! Tes témoignages et réflexions, que Taizé a su susciter, sont beaux et touchants.<br /> <br /> Bises,<br /> <br /> Vico
G
Merci pour ce partage.<br /> <br /> Tu as eu raison d'oser finalement cette publication. Elle est belle.<br /> <br /> Merci
Archives
Publicité
Daïdaï
Visiteurs
Depuis la création 10 938
Publicité